« Osmose » est une exposition rassemblant une sélection de 30 toiles de Laure Malécot, réalisées sur une période de plusieurs années au Sénégal et en Côted’Ivoire. L’exposition investit l’Hôtel Sokhamon à Dakar Plateau, du 3 au 20 décembre 2021.
Laure Malécot vous invite au vernissage presse et public le vendredi 3 décembre 2021, à 17h00 à l’Hôtel Sokhamon.
L’Hôtel Sokhamon fait partie de ces espaces qui entretiennent une proximité avec son écosystème, celui de la corniche dakaroise. Les oiseaux pénètrent dans l’ombre accueillante des voûtes de béton sculpté en forme de lierre, et se perchent dans les hauteurs des terrasses face à l’immensité de l’océan. Exposées en ces lieux, les œuvres de Laure Malécot trouvent là un cadre architectural propice à l’Osmose à laquelle elles aspirent. Offertes aux vents marins et aux humains venus les découvrir, les toiles de l’artiste livrent un constat de notre époque à la fois sombre et implacable, mais aussi rempli d’un solide espoir dans les beautés qui nous entourent.
Par une touche chargée de couleurs et de lumières, la peinture de Laure Malécot s’exprime par ses profondeurs, des épaisseurs d’images projetées, qui se superposent sur la toile sans jamais vraiment se figer. Dans un registre parfois figuratif et expressif (« Menaces », « Terra Nostra », « Mère Nature et le Patriarcat »), parfois abstrait, nébuleuses aux ambiances éthérées (« Refuge », « Light in Cosmos », « Life in Cosmos »), ou encore à travers des fresques cosmogoniques, mythologies façonnées par les symboles (« Hors des bulles », « Evasion enflammée », « Osmose naturelle »), l’artiste déploie un nuancier des sentiments que lui inspirent les société malades qui peinent à prendre au sérieux les urgences climatique. Pour Laure Malécot, tout débute par une angoisse, une profonde prise de conscience qui libère les désirs d’action.
« La conscience écologique naît en réponse à une peur. Tant que tu n’as pas peur, tu vis avec la nature sans te poser de question. Pour moi, ça a été le nuage de Tchernobyl (en 1986). Ce n’est qu’ensuite que j’ai commencé à regarder de plus près ce qui se passait. » L. Malécot.
Chacune des toiles de Laure Malécot était à l’origine un horizon désertique, une vaste étendue d’eau, un ciel ou le cosmos ; autant de paysages inertes qui laissent aux possibles la place de prendre forme. Peu à peu, elle les recouvre, elle les peuple d’histoires et de vie. Ces formes de vies ne sont pas Laure Malécot, « Refuge », 2020. Acrylique sur matière mixte et branches, 45 x 82 cm.
*Écocide : acte criminel consistant à détruire délibérément et en totalité un écosystème par le puisement complet des ressources d’une zone, la mise en danger de son écosystème, ou le trafic international d’espèces protégées qui y sont installées. Le concept de crime d’écocide est débattu depuis 1947 au sein de la Commission du droit international pour préparer le Code des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité. Depuis la fin des années 1990, plusieurs tentatives ont visé à le réintégrer dans le droit international, sans succès à ce jour. (cf novethic.fr)
** Eco-féminisme : Mouvement international co-fondé par Françoise d’Eaubonne (France), Vandana Shiva (Inde), et Starhawk (USA), dans les années 1960, qui ont identifié la cause commune de l’oppression des femmes et de l’exploitation de l’environnement : le système capitaliste et patriarcal. Elles luttent contre celui-ci de différentes manières : manifestations pacifistes, désobéissance civile, méditation collective... L’écoféminisme connaît un regain de popularité aujourd’hui. (cf youmatter.world) souvent anthropomorphes, car selon elle les végétaux, présences animales et autres entités non-humaines doivent plus que jamais avoir une place importante dans nos systèmes de pensée. En effet, pour Laure Malécot l’humain a trop longtemps cru être au centre de toute chose.
« Par le passé j’ai fait cette erreur d’être toujours concentrée sur la silhouette humaine et le visage humain dans mes toiles. Je trouve que l’humain est très égocentrique, c’est pour cela qu’aujourd’hui j’ai la volonté d’introduire du végétal dans les imaginaires. » L. Malécot.
L’artiste se place à contre-courant d’une idéologie dominante qui veut que l‘humain soumette son environnement à ses lois et contraigne son écosystème à respecter ses besoins et ses conditions ; créer de la valeur marchande sur des ressources qui appartiennent au règne du vivant. Pour agir face à cette doctrine mortifère, Laure Malécot a conscience du rôle que les artistes doivent continuer à endosser ; celui d’injecter dans la société et dans le cœur des gens l’émotion des splendeurs de leur planète, tout autant que le frisson de les voir s’éteindre. Avec un cynisme qui dissimule une profonde préoccupation, Laure Malecot rappelle que l’objectif de toucher le cœur des puissants est inatteignable, mais que le dénouement de notre histoire se jouera surement ailleurs, à plus petite échelles ; celles des modestes initiatives, celles de créer des moments de magies, d’alchimies, celles de se permettre de s’émouvoir des harmonies de couleur, d’images, de musiques et de mouvements, des beautés de la liberté des arts et de s’en enchanter au quotidien.
« C’est un effort, c’est une gymnastique de mon esprit de trouver de l’espoir, de l’humour, de la couleur tendre, de donner de l’amour dans les formes pour ne pas tomber du côté sombre de la situation. Toutefois je veux rester dans quelque chose de réaliste quant au constat de là où on est, et de là où on va. Car là où on va n’est pas souhaitable, si on garde le cap sur le profit comme valeur primordiale. » L. Malécot.
La course aux innovations technologiques qui pousse aux prises de décisions politiques écocidaires*, extractives et assujettissantes, est basée sur des imaginaires qui se doivent d’être renouvelés. Ainsi s’impose l’étape indispensable et décisive d’écrire, de peindre et de filmer des fictions et des sciences-fictions dans lesquelles l’humain réussit à dépasser son avidité et se place dans une dynamique non plus majoritairement destructrice, mais éminemment créatrice. En embrassant ces principes dans ses œuvres, Laure Malécot s’inscrit dans un héritage d’artistes éco-féministes** qui cherchent à montrer en quoi puiser dans un registre du sensible et croire dans l’énergie vitale de la terre-mère peut aujourd’hui se révéler un acte de résistance. L’émotionnel étant souvent discrédité sous prétexte d’irrationalité, oser l’affirmer n’est pas naïveté. C’est un acte courageux.
Extraits d’une interview de Laure Malecot, septembre 2021
Laure Malécot est une artiste transdisciplinaire qui œuvre dans le cinéma, la peinture et l’écriture. Née en 1972 à Paris, elle vit et travaille à Dakar, au Sénégal. Après des études de cinéma à l’Université Paris 8, elle collabore à des tournages de longs métrage de cinéma et de téléfilms, à divers postes, principalement d’assistante à la réalisation et aux décors. À son arrivée au Sénégal en 1998 elle se consacre exclusivement à sa peinture, en prenant part aux Ateliers de l’île Ngor, puis en poursuivant sa recherche artistique entre le Sénégal et laCôte d’Ivoire. En 2004, elle créé « Résonance Africaine », un magazine socio-culturel hebdomadaire sur les ondes d’Aligre FM, radio libre parisienne, et qu’elle anime jusqu’en 2012.
Aujourd’hui, Laure Malécot exerce en tant que réalisatricede documentaires, scénariste de fiction et artiste. Elle est l’auteure de la biographie de la chorégraphe Germaine Acogny « Danser l’Humanité » (Éditions Vives Voix, Sénégal 2019), à qui elle a également consacré un film documentaire, « Iya tundé, la Mère est revenue », produit en 2017 par Méditatik (Sénégal).
Son dernier film documentaire, « Anima ! », met en lumière les démarches de quatre femmes au Sénégal ; artistes, thérapeutes, comédiennes, elles témoignent du rapport d’osmose qu’elles entretiennent avec la nature et sur laquelle se fonde l’animisme, mais aussi des ancestralités matriarcales et des cultes de la déesse mère qui leur sont liées. Le court-métrage documentaire est accompagné d’un essai signé par Laure Malécot, publié en intégralité sur son site www. lauremalecot.sitew.com.
EXPOSITIONS
Expositions collectives
Centre de la CEDEAO pour le développement du genre, Dakar (2017) -
Ateliers de Ngor, Dakar, Sénégal (2012/2013) -
Galerie Rodier, Paris IXème, France (2009)
Galerie Valérie H, Paris IXeme, France (2009)
Galerie Herouet, Paris III (avec les Ateliers de N’gor), France (2002)
Divers hôtels et Galerie de l’île de Ngor (2001)
Dans le cadre des Ateliers de N’gor, Dakar, Sénégal (1997-2001)
Expositions personnelles
Hôtel Sokhamon, Dakar, Sénégal (2021)
Big Five, restaurant, Dakar, Sénégal (2014)
Galerie Assémian Abidjan, Côte d’Ivoire (2008)
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