Photo presse (Bella BAH)
Publié : 27 September, 2023

L’univers coloré et authentique de Bella BAH


Bienvenue dans cette interview avec Bella BAH, un sérigraphe et peintre dont les origines sont une source permanente de fierté. À travers son art, il met en avant son héritage culturel et son identité afin de créer des œuvres uniques et inspirantes. Au cours de cette conversation riche, nous allons découvrir les influences et les motivations qui l’animent, ainsi que l’impact de ses origines sur sa créativité. Préparez-vous à être transportés dans un monde de couleurs, de texture et d’émotions, guidés par les mains habiles et passionnées de Bella BAH, cet artiste qui embrasse avec fierté ses racines et se laisse ouvert aux cultures occidentales. Exclusif !

Interview réalisée par Sita CAMARA, Roger BIGNAMOU et Franck PERLOT


SITANEWS : Qu’est-ce qui t’a attiré vers l’art de la peinture et de la sérigraphie et qu’est-ce qui te passionne dans ce métier ?

Bella BAH : « Ce qui m’a attiré dans l’art, c’est lorsque j’ai rencontré des artistes ici en France et que j’ai commencé à travailler avec eux. J’ai été fasciné par le mode de vie qu’ils menaient et j’ai trouvé cela incroyable de pouvoir gagner sa vie en étant créatif et en exprimant ses idées. De plus, j’ai été attiré par la possibilité de représenter toute une communauté, de mettre en valeur mes origines et d’être un ambassadeur, un porte-parole en essayant de transmettre des messages à travers mon art. Par ailleurs, j’apprécie particulièrement le fait de pouvoir apporter de la joie et de la bonne humeur aux gens grâce à mes créations, qu’il s’agisse de tableaux ou de peintures murales dans la rue. »


 Jusqu’où ce métier t’a-t-il conduit ?

« Ce métier m’a amené beaucoup plus loin que ce que j’aurais pu imaginer. Il me pousse encore, même si je ne suis pas encore arrivé à la gare. Ce métier m’a ouvert des portes, offert de nombreuses opportunités et m’a fait connaître dans le monde que ce soit ici en France ou dans mon pays d’origine (la Guinée). Grâce à ce métier, j’ai pu rencontrer des personnes que je n’aurais jamais pensé croiser, comme des membres du gouvernement ou des élus en France. Ce métier m’a mis sous les feux des projecteurs des chaînes de télévision et sur les pages des journaux. C’est quelque chose que je n’avais jamais imaginée. Ce métier m’a également amené dans mes rêves les plus fous. »


Peux-tu nous parler de ton processus créatif et de la manière dont tu choisis les sujets et les couleurs que tu représentes souvent ?

« Parlant de mon processus de création, mon travail reflète souvent mes états d’âme, mes émotions et mon vécu, ainsi que mes origines. Je m’inspire des sujets qui me permettent de présenter une vision optimiste parfois, ou triste à d’autres moments. Il m’arrive également de représenter ma mère à travers des portraits de femmes. Ainsi, mes sujets sont choisis en fonction de la manière dont je souhaite exprimer mon état d’esprit à travers le tableau.

Quant aux couleurs que je représente souvent, elles sont multicolores car je souhaite mettre en valeur la mixité. Je veux que mes portraits ne soient pas identifiés à une seule race, mais qu’ils puissent être universels. Je souhaite que chacun puisse se reconnaître dans mes tableaux. Le caractère multiethnique, cosmopolite et mélangé me stimule davantage.

J’ai envie que tout le monde se retrouve dans mes tableaux, que chacun puisse se sentir là-dedans. »


Quelles techniques spécifiques utilises-tu dans ton travail ?

« Je n’ai pas de technique spécifique, mais j’ai une entité spécifique qui me permet de m’identifier, par exemple mes codes couleurs. Si vous observez bien tout ce que je fais, vous remarquerez toujours une ambiance de couleurs caractéristique, donc peu importe où vous êtes dans le monde, vous saurez que c’est de moi (Bella). En plus de cela, il y a aussi le côté finesse qui est travaillé dans mes créations, avec des traits croisés présents aussi bien dans le fond que dans les portraits. Vous trouverez toujours des petits détails dans mes personnages ou dans mes dessins. »


Quelle est ta couleur préférée et pourquoi ?

« Ma couleur préférée est le turquoise. J’aime beaucoup cette couleur. Ça dépend de la nuance qu’on lui donne, mais c’est une couleur qui n’est ni trop foncée ni trop claire. Elle évoque un thème de verre que j’apprécie énormément, car elle se marie avec presque tout. Je l’utilise dans tout ce que je fais, que ce soit pour les fonds, les portraits ou autres. Le turquoise est une couleur très belle et facile à utiliser. »


Comment ton art se distingue-t-il des autres formes d’art ?

« Mon art se distingue des autres formes d’art grâce à mon identité et à mon style de travail. J’ai créé ma propre identité avec mes techniques, mes choix de couleurs, mes détails et l’harmonie des couleurs que j’utilise. C’est ce qui me rend unique. De plus, mes origines se retrouvent également dans mon travail, en incorporant souvent des motifs de tissus « lépi » et « forêt sacrée ». C’est tout cela qui me démarque des autres formes d’ars. »


Quels messages ou émotions tu véhicules souvent à travers ton art ?

 « Les messages et émotions que je véhicule à travers mes portraits ou mon travail sont variés et dépendent de différents facteurs. J’aime souvent transmettre de la bonne humeur, de la joie et de l’optimisme dans ce que je fais. J’aime rester dans le positif et c’est très important. Parfois, vous trouverez dans mes portraits que j’intitule « Optimiste », et dans le regard, vous verrez quelqu’un de serein et d’optimiste. D’autres fois, j’ai des portraits que j’ai appelé « Focus ». Ce sont des portraits qui illustrent ma focalisation sur l’étape suivante. J’ai également créé des œuvres intitulées « Next level » pour exprimer que je suis davantage concentré sur le positif. Cependant, parfois je peux également être dans le doute et la tristesse lorsque je peins des portraits en méditation avec les yeux fermés. En résumé, mes messages et émotions varient selon les circonstances, mais je suis beaucoup plus dans le positif. »


Peux-tu nous parler des défis auxquels tu as été confronté en tant que jeune artiste dans le domaine de l’art et comment tu les as surmontés ?

« Les défis auxquels j’ai été confronté en tant que jeune artiste dans le domaine de l’art ont été nombreux, et je pense qu’il y en aura encore d’autres à l’avenir. Mes plus grands défis se sont présentés lors de la réalisation de fresques en extérieur. Au départ, j’ai été confronté à un défi majeur à Bagneux (dans le 92), lorsque j’ai entrepris de réaliser une fresque de 100 m² sur les quatre côtés d’un transformateur électrique. Je n’avais jamais travaillé sur un projet d’une telle envergure, il s’agissait donc d’un véritable défi pour moi.

 

Ensuite, à Bessèges, j’ai fait face à un autre défi majeur lors de la réalisation d’une fresque de 13 mètres de hauteur sur une façade. Je n’avais jamais travaillé à une telle hauteur auparavant et j’ai dû utiliser une nacelle camionnette pour atteindre les parties supérieures. J’avais également des appréhensions, car il s’agissait de la résidence des habitants et je devais prendre toutes les précautions pour ne pas salir les murs, sinon il faudrait tout repeindre. (Voir l’image ci-dessous)

 

Récemment, j’ai également dû faire face à un défi important lors de la réalisation d’une fresque de 43 mètres de long sur 3 mètres de haut à Pérols. C’était un projet très long, mais j’ai réussi à le surmonter grâce au soutien de mon entourage et à l’aide d’un mentor qui me prodigue de précieux conseils, me donne confiance en moi, et me guide dans ma façon d’aborder les choses. C’est grâce à cela que j’ai réussi à surmonter ces défis avec succès. »

 

Chaque œuvre artistique ou réalisation accomplie te met dans quel état d’âme ?

« Cela me procure un sentiment de satisfaction immense. Au début, il y a souvent des doutes, mais une fois que l’œuvre est finalisée, je ressens une grande fierté d’avoir surmonté ces doutes et d’avoir accompli mon projet. Cela me fait dire que je progresse en tant qu’artiste, et surtout, cela me renforce l’idée que je laisse une empreinte sur cette terre, que ma vie marque l’histoire. Cela me réconforte énormément et je considère chaque nouvelle création comme une nouvelle page ajoutée à mon parcours, à mon livre d’histoire, c’est cela qui compte le plus pour moi. »


Dans tes représentations, tu aimes souvent établir un lien entre le paysage guinéen et le reste du monde. Est-ce une manière d’exprimer ta fierté pour ton pays et ton désir de promouvoir ses merveilles ?

« Tout à fait, j’aime créer un lien entre la Guinée et le reste du monde. C’est un avantage incroyable d’être influencé par ces deux cultures : la culture européenne de la France et la culture africaine de la Guinée. J’essaie donc de mixer ces deux influences et cela me rend encore plus original et authentique dans mon travail. Cela me donne de la force et je suis extrêmement fier de mes origines, c’est pourquoi j’ai à cœur de promouvoir les valeurs qui caractérisent la Guinée. Cela se reflète dans mes interprétations de masques, de portraits et dans l’utilisation de tissus guinéens. »


Publication exclusive : ©SITANEWS

 

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